Un projet de visite remet une nouvelle fois le sujet en lumière
Emprisonné à Amboise entre 1848 et 1852, Abd el-Kader, figure de l’histoire coloniale, est aujourd’hui l’enjeu d’une nouvelle guerre mémorielle entre la France et l’Algérie. Un projet de visite* du président algérien Abdelmadjid Tebboune remet une nouvelle fois la question sur le tapis en exigeant la restitution de tous les objets ayant appartenu à l’émir à son pays d’origine.
Mais à Amboise, on est dans l’expectative dans la mesure où, comme l’affirme le directeur du château d’Amboise, pourtant soucieux de perpétuer les traces de l’émir à Amboise, » nous n’avons rien ! ».
![Monument-Abdelkader-amboise Le jardin du souvenir Abd el-Kader à Amboise](https://www.lamboisienne.fr/wp-content/uploads/2024/03/Monument-Abdelkader-amboise.jpg)
Ce ne sont pas les derniers événements, nous voulons bien entendu parler du saccage de la stature de l’émir Abd el-Kader, qui risquent d’apaiser le débat.
Le grand homme aurait mérité mieux que ces querelles stériles et pitoyables.
*maintes fois remise, cette visite « pourrait » se dérouler en septembre ou en octobre 2024.
Le destin hors norme de l'émir Abd el-Kader
Nous reprenons ci-dessous de larges extraits d’un article publié par Samuel Martin dans le site Boulevard Voltaire.
L’émir Abd el-Kader se battit contre la France avec bravoure et intelligence. Non moins intelligent, Bugeaud lui emprunta ses méthodes. Abd el-Kader perdit. Il fut beau joueur avec une hauteur d’âme et une intelligence qu’on chercherait en vain chez les dirigeants politiques actuels. Mais la monarchie de Juillet lui fit un sale coup : contrairement à ce qui avait été convenu lors de sa reddition, elle l’emmena de force en France en 1847. L’émir et ses proches séjournèrent au fort Lamalgue (Toulon), au château de Pau et au château d’Amboise (1848-1852). La deuxième République n’a pas non plus relâché l’émir et c’est le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte qui finit par le faire.
Il s’ensuivra une véritable amitié entre Napoléon III et Abd el-Kader, entre celui-ci et la France. Fervent musulman, l’émir est curieux de l’Occident. En 1860, à Damas où il s’est réfugié, il défend les chrétiens contre les persécutions druzes, protégeant des civils, des religieuses…
Témoin de la popularité de l’émir, la ville d’Amboise fêtait encore, en 1939 le souvenir de celui qui avait passé quatre ans au château. Samuel Buchwalder, chargé de communication du château d’Amboise, confirme ce lien très fort. « C’est un personnage charismatique qui a marqué beaucoup de monde à Amboise au XIXe siècle. Sa résidence surveillée était assez lâche et lui permettait de sortir et de lier des amitiés avec la population. »
Concernant les restitutions ?
« Nous ne possédons aucun des éléments liés aux restitutions, assure le chargé de communication du château d’Amboise. Actuellement, le château retravaille la scénographie. À la fin de l’année 2024, toute une salle sera réaménagée en son honneur. À l’extérieur, l’élément phare est le jardin d’Orient : le cimetière musulman où sont inhumées des personnes de la suite de l’émir décédées pendant son séjour. » Des musulmans viennent s’y recueillir et admirer « le monument édifié par souscription des Amboisiens en hommage à l’émir quand il a été libéré.